Bonjour à tous, aujourd’hui nous allons aborder un sujet qui me tient à cœur : la question du genre dans le métier d’acheteur.
Acheteur est il un métier genré ? Existe-t-il des disparités entre hommes et femmes dans le domaine des achats ? Si oui, quelles en sont les implications et comment pouvons-nous y remédier ?
La question du genre dans le milieu professionnel est un sujet brûlant, et le secteur des achats n’y échappe pas. Alors, le métier d’acheteur est-il genré ? C’est ce que nous allons explorer dans cet article, en nous appuyant sur des données, des témoignages et des études de cas.
Historique du métier d’acheteur : évolution vers plus de diversité
Le métier d’acheteur a considérablement évolué au fil des années. Autrefois considéré comme un poste plutôt administratif, il a gagné en importance et en complexité. Mais qu’en est-il de la répartition hommes-femmes dans ce métier ? Historiquement, le métier était majoritairement masculin, mais les choses commencent à changer.
L’évolution du rôle de l’acheteur
Le métier d’acheteur a une longue histoire, souvent méconnue. À ses débuts, il était principalement axé sur des tâches administratives telles que la gestion des commandes et des stocks. À cette époque, le métier était majoritairement masculin, en partie à cause des stéréotypes de genre qui prévalaient dans le monde professionnel en général.
Avec la mondialisation et l’évolution des chaînes d’approvisionnement, le rôle de l’acheteur a considérablement changé. Aujourd’hui, il ne s’agit plus simplement de passer des commandes, mais de gérer des relations complexes avec les fournisseurs, de négocier des contrats et de développer des stratégies d’achat.
Cette complexité accrue a conduit à une prise de conscience de la valeur ajoutée que ce poste peut apporter à une entreprise.
La féminisation du métier
Depuis les années 2000, on observe une féminisation progressive du métier. Selon une étude Michael Page et Conseil National des Achats, 53% des acheteurs sont en réalité des acheteuses, ce qui met en lumière une quasi-parité dans le secteur des achats. Cette évolution est le résultat de plusieurs facteurs, notamment une meilleure accessibilité aux études supérieures pour les femmes, ainsi que des initiatives visant à promouvoir la diversité dans les entreprises, mais aussi de l’expansion des achats non liés à la production au cours des vingt dernières années.
Les défis persistants
Malgré cette évolution positive, des défis demeurent. Les femmes sont encore sous-représentées dans les postes de direction dans le domaine des achats, et l’écart salarial entre hommes et femmes persiste. De plus, les femmes doivent souvent faire face à des stéréotypes de genre qui peuvent entraver leur progression professionnelle.
Les femmes pionnières dans les achats
Il est important de souligner le rôle des femmes qui ont ouvert la voie dans ce métier. Des figures comme Mary Barra et Beth Ford ont montré qu’il est tout à fait possible pour une femme de réussir dans ce domaine, et elles servent de modèles pour les nouvelles générations d’acheteuses.
Mary Barra – PDG de General Motors
Mary Barra a commencé sa carrière dans les achats et la chaîne d’approvisionnement chez General Motors. Elle est devenue la première femme à diriger une grande entreprise automobile.
Beth Ford – PDG de Land O’Lakes
Beth Ford a également un passé dans les achats et a gravi les échelons pour devenir PDG de Land O’Lakes, une grande entreprise agroalimentaire.
Sophie Grugier – Directrice des achats stratégiques chez Airbus
Sophie Grugier est responsable des achats stratégiques chez Airbus, où elle joue un rôle clé dans la gestion des fournisseurs.
Nina Vaca – PDG de Pinnacle Group
Nina Vaca a fondé Pinnacle Group, une entreprise de solutions de main-d’œuvre, et elle est très impliquée dans les achats et la chaîne d’approvisionnement.
Julie Sweet – PDG d’Accenture
Julie Sweet a une expérience significative dans les achats et la gestion des contrats, ce qui a contribué à sa nomination en tant que PDG d’Accenture.
Indra Nooyi – Ancienne PDG de PepsiCo
Indra Nooyi a dirigé les achats chez PepsiCo avant de devenir PDG, où elle a mis en œuvre des pratiques d’achat durables.
Anne Rung – Ancienne directrice des achats publics aux États-Unis
Anne Rung a été responsable des achats publics sous l’administration Obama, où elle a supervisé des milliards de dollars de dépenses gouvernementales.
Ginni Rometty – Ancienne PDG d’IBM
Ginni Rometty a une expérience significative dans les achats et la chaîne d’approvisionnement, ayant servi en tant que PDG d’IBM pendant près de 10 ans.
Ces femmes illustrent la diversité et la richesse des parcours possibles dans le domaine des achats. Elles sont des modèles pour tous ceux qui aspirent à des postes à responsabilité dans ce secteur.
L’histoire du métier d’acheteur montre que, même si des progrès ont été réalisés en matière de diversité de genre, il reste encore beaucoup à faire. La bonne nouvelle, c’est que la tendance est à la hausse, et que de plus en plus de femmes font carrière dans les achats. Il est crucial de continuer à lutter contre les stéréotypes et les biais pour permettre à tout le monde, quel que soit son genre, de s’épanouir dans ce métier passionnant et en constante évolution.
Les stéréotypes de genre dans le métier
Les clichés persistants
Comme dans de nombreux secteurs, les stéréotypes de genre peuvent influencer la perception du métier d’acheteur. Par exemple, l’idée que les hommes sont plus aptes à la négociation agressive, ou que les femmes sont meilleures en gestion des relations fournisseurs.
Les conséquences des stéréotypes
Ces stéréotypes peuvent avoir des conséquences néfastes ou affecter la manière dont les collègues, les supérieurs et les fournisseurs interagissent avec les acheteurs.
Il existe malheureusement des stéréotypes de genre qui persistent dans le domaine des achats. Certains peuvent penser que les hommes sont meilleurs négociateurs ou que les femmes sont plus aptes à gérer les relations fournisseurs. Ces idées reçues ont un impact réel sur le recrutement et les promotions.
- Impact sur le recrutement : Les stéréotypes peuvent influencer les décisions de recrutement, même inconsciemment. Par exemple, un recruteur peut privilégier un homme pour un poste nécessitant de la “fermeté” en négociation, en supposant que les femmes sont moins aptes à ce type de tâches.
- Impact sur les promotions : De même, les femmes peuvent se voir moins souvent proposer des opportunités de promotion, en raison de préjugés sur leur capacité à gérer des équipes ou à prendre des décisions stratégiques.
- Conséquences sur la rémunération : Le biais de genre peut également se refléter dans les écarts de salaire entre hommes et femmes dans le métier d’acheteur, malgré des compétences et des responsabilités similaires.
Les chiffres parlent
Les statistiques globales
Dans cet article de Supply Management, Sara Jones, responsable des achats et de la valeur sociale pour l’agence de développement Ambition North Wales, souligne que les stéréotypes sur les compétences nécessaires pour ce métier, comme la négociation difficile et les longues heures de travail, créent des obstacles pour les femmes, dûe à la perception que ces compétences ne s’adaptent pas à l’équilibre travail-vie personnelle des femmes du secteur.
Bien que les femmes soient bien représentées dans les rôles juniors, elles sont moins présentes dans les postes de direction.
C’est un élément confirmé par l’article de Décision Achats : la parité n’est pas encore atteinte, surtout pour les postes de direction. Même si la fonction achats, traditionnellement masculine, s’ouvre de plus en plus aux femmes.
Des entreprises comme Lafarge, L’Oréal, Accor et Saint-Gobain ont des femmes à la tête de leur direction achats, mais elles restent minoritaires.
L’article met en avant l’association CPO Women, qui vise à augmenter la visibilité des femmes dans ces postes de haute responsabilité.
Selon une étude réalisée en 2010 par le Desma (Grenoble), seulement 20 femmes seraient directrices achats parmi les 200 plus grandes entreprises françaises.
Les écarts de salaire
Il est également important de noter que l’écart de salaire entre les hommes et les femmes dans le domaine des achats est d’environ 21%, selon la même étude de CIPS.
Statistiques actuelles
Selon les dernières études, la répartition entre hommes et femmes dans le métier d’acheteur est encore inégale. Bien que le nombre de femmes augmente, elles restent sous-représentées, surtout à des postes de responsabilité.
Alors que les femmes dominent largement les postes d’assistants en achats et approvisionnement (78%), et sont bien représentées en tant qu’acheteurs juniors et approvisionneurs expérimentés (66%), elles ne constituent que 37% des directeurs d’achats et 42% des responsables d’achats en 2020. Cette tendance est susceptible de s’inverser progressivement, en tenant compte de la trajectoire de carrière typique dans le domaine des achats.
Ce phénomène s’observe également dans les tendances de recherche sur le métier achats.
En effet, on constate que si 2400 recherches sur une semaine concernent le mot “acheteur”, seulement 90 concernent le mot “acheteuse” sur la même semaine.
Et cela va encore plus loin avec le fait que la recherche “devenir acheteuse” ou “métier acheteuse”, n’apparaissent même pas dans les volumes de recheches, contrairement à leurs homologues masculins “métier acheteur” et “devenir acheteur”.
Source : Google Trends
Il faut cependant remettre l’église au milieu du village, comme on dit, et grâce à nos amis du groupe Oliver Wyman, nous pouvons voir le niveau de parité hommes-femmes dans les organisations d’achats par région.
On constate même qu’en Europe, nous avons une longueur d’avance sur le reste du monde en terme de parité dans les organisations achats.
Source : https://www.oliverwyman.com/our-expertise/insights/2019/feb/women-in-procurement.html
Les obstacles en chiffres
Pour aller plus loin, le blog Procurious a même fait un sondage en février 2023 auprès d’acheteuses et leurs obstacles au sein leurs organisations, et voici ce qui en est ressorti :
Soixante-quatorze pour cent (74 %) des femmes travaillant dans le secteur des achats ont été confrontées à une certaine forme d’adversité basée sur le genre sur le lieu de travail.
Vingt-huit pour cent (28 %) des femmes travaillant dans le domaine des achats ont déclaré :
- Être invitée à effectuer des tâches administratives en dehors de leur description de poste contrairement à leurs collègues masculins
- Avoir appris qu’elles sont moins payés que leurs homologues masculins
- Avoir vu des hommes s’attribuer le mérite de leurs idées ou de leur travail
- S’être sentir défavorisée en raison de son sexe
De plus, 26 % supplémentaires ont déclaré se sentir ignorées ou négligées par leurs collègues masculins et avoir des difficultés à « obtenir du temps de parole » lors des réunions en visio.
Ces défis sont omniprésents et leur impact va jusqu’au sommet. Parmi les personnes interrogées, 23 % ont déclaré que les femmes représentaient 40 à 50 % de leur équipe de direction des achats, mais seulement 15 % constatent cette composition de femmes au sein de la haute direction ou du conseil d’administration.
Lorsqu’on leur a demandé comment elles pensaient que leurs organisations se comportaient par rapport à ces obstacles, et quelles initiatives en faveur de l’égalité des sexes avaient été mises en place, les réponses ont été alarmantes :
- 69 % ont déclaré que les programmes de mentorat de leur organisation étaient médiocres ou nécessitaient d’être améliorés.
- 59 % ont déclaré que les actions de leur organisation pour réduire l’écart salarial entre hommes et femmes étaient médiocres ou nécessitaient d’être améliorées.
- 55 % ont déclaré que les initiatives de formation au leadership de leur organisation étaient médiocres ou nécessitaient d’être améliorées.
Source : https://www.oliverwyman.com/our-expertise/insights/2019/feb/women-in-procurement.html
Les initiatives pour un métier plus équilibré
- Programmes de mentorat : Certaines entreprises mettent en place des programmes de mentorat pour aider les femmes à progresser dans leur carrière. Assigner un mentor à quelqu’un a déjà prouvé que cette personne était 6 fois plus à même de recevoir une promotion qu’une personne sans mentor.
- Formations en leadership féminin : Des formations spécifiques peuvent aider à développer les compétences de leadership chez les femmes, pour les préparer à des postes à responsabilité.
- Réseaux professionnels féminins : Des associations comme Women in Procurement offrent un espace de networking et de développement professionnel pour les femmes dans le métier.
Les conseils pour briser les barrières de genre
Pour les employeurs
- Sensibilisation et formation : Il est crucial de sensibiliser les équipes aux biais de genre et de proposer des formations pour apprendre à les reconnaître et les combattre.
Pour les employés
- Transparence dans les processus de recrutement et de promotion: Mettre en place des critères clairs et objectifs peut aider à réduire les biais.
Le métier d’acheteur, comme beaucoup d’autres, n’est pas exempt de biais de genre. Cependant, des efforts sont en cours pour rendre ce domaine plus équilibré et inclusif. Il appartient à chacun d’entre nous, professionnels des achats, de contribuer à ces changements pour un avenir plus équitable.
Je vous invite à partager vos expériences et vos réflexions sur ce sujet important. Ensemble, nous pouvons faire la différence 😉
Voilà, j’espère que cet article vous aura éclairé sur les enjeux de genre dans le métier d’acheteur. N’hésitez pas à commenter vos retours d’expérience sous cet article. Pour aller plus loin, je vous invite à consulter Métier d’acheteur : est-ce un métier d’avenir ? Mon interview de ChatGPT!